Ano Natsu de Matteru : Onegai☆Sempai31 mars 20124 avril 2012Tetho

Ano Natsu de Matteru, ou NatsuMachi pour les intimes, vient de se terminer. C’est probablement la série TV que j’ai le plus attendue ces 10 dernières années, ou plutôt de ces derniers 8 ans et demi puisque « un troisième Please! » était dans le top 3 de ma liste d’animes fantasmés depuis la fin d’Onegai Twins (pour les curieux les deux autres sont R.O.D -THE MOVIE- et une série de Hoihoi-san (que l’on va apparemment avoir sous peu, 2012 année de tous les possibles (du coup Shin Mazinger Sôgeki! Great-hen et la suite de Full Metal Panic! accèdent au podium (bon j’arrête avec les matriochkas de parenthèses)))). Je ne vais pas m’attarder ici sur ma vénération envers Onegai Teacher ici, elle fera l’objet d’un autre billet, mais le fait est que les attentes que j’avais pour cette série étaient probablement trop hautes pour ce qu’elle avait à offrir.

Kirishima Kaito vit à la campagne avec sa sœur depuis la mort de ses parents, il a l’habitude d’emporter avec lui la caméra Super 8 héritée de son grand-père  pour « enregistrer des souvenirs ». Un jour alors qu’il filme de nuit, il est témoin de l’apparition inexpliquée d’une lumière éblouissante et se réveille le lendemain dans son lit sans souvenir du reste de la soirée. Le même jour arrive à son lycée Ichika, une nouvelle élève dont il tombe immédiatement sous le charme. Sous l’impulsion d’une sempai des plus insistantes, il se lance avec ses amis dans le tournage d’un film de science-fiction pour occuper l’été.
Mais il ignore qu’Ichika est une extra-terrestre dont le vaisseau s’est écrasé en urgence, que ce crash est responsable de l’apparition de la mystérieuse lumière et surtout qu’Ichika ne pourra rester longtemps sur Terre…

Ano Natsu de Matteru est une série un peu particulière, réalisée à l’occasion des 10 ans de la franchise Please! mais produite par des sociétés différentes (Bandai Visual est remplacée par Geneon-Universal) elle ne peut citer ou faire directement référence à son aîné, qui fête ses 10 ans dans son coin avec une ressortie en Blu-rays, et donne ainsi l’impression d’une célébration en parallèle, sorte de festival off mais quand même organisé par les créateurs de la série ; drôle de situation en fait. NatsuMachi réunit Kuroda Yôsuke et Uon Taraku, respectivement scénariste et créateur des personnages d’Onegai Teacher/Twins et donc garant de la filiation avec les Please!, et les fait collaborer avec Nagai Tatsuyuki et Tanaka Masayoshi, le réalisateur et le charadesigner de Toradora! et Ano Hi Mita Hana no Namae wo Bokutachi ha Mada Shiranai, probablement les comédies romantiques les plus populaires de ces dernières années. Bref y en avait pour les vieux nostalgiques, assurés de retrouver une série « comme à l’époque », tout comme pour les fans actuels, qui retrouvent les artisans de leurs récents coups de cœur, l’affiche était trop belle.
En décembre dernier a été vendu au Comiket un coffret preview qui comprenait un DVD incluant une bande-annonce inédite de la série, un CD avec une image song et un light novel présentant les protagonistes de l’histoire. Et là on a pu découvrir que comme dans Onegai Teacher la série se passerait dans la préfecture de Nagano et comme dans Onegai Teacher l’héroïne est une extra-terrestre… À ce moment un frisson a parcouru mon échine : et si la nouvelle série ressemblait trop à son modèle pour avoir sa propre personnalité et pouvoir exister par et pour elle-même ?

Et ça n’a pas manqué, la série n’a jamais réellement su prendre la distance nécessaire avec Onegai Teacher, au delà des références omniprésentes disséminées ici et là, les quatre premiers épisodes sont une reprise directe de ceux de Teacher sans vraie nuance. Passe encore que le premier épisode choisisse de la jouer safe et de reprendre une recette qui a fait ses preuves, mais ensuite ça continue de belle, la série reprenant des scènes complètes sans la moindre valeur ajoutée. Le fait que Kaito ne sache pas qui est réellement Ichika ou que tout le groupe d’amis soit au courant qu’ils vivent ensemble sous le même toit ne jouant absolument pas. La copie va jusqu’à reprendre des scènes entières sans la moindre valeur ajoutée : Remon qui fait boire de l’alcool à tout le monde dans l’épisode 2 ? Ichigo a le même plan dans l’épisode 5 de Teacher. Tetsurô, Mio et Remon observent de loin le rencard entre Kanna et Kaito dans l’épisode 3 ? Kaede et Ichigo font de même quand Koishi et Kei sortent ensemble dans l’épisode 4 de OneTi. Manami et Kaito vont voir Highschool of the Dead au cinéma dans l’épisode 4 ? Kei et Koishi étaient allé voir Shin Getter Robo tai Neo Getter Robo… Bref la ressemblance entre les deux séries dépasse la simple filiation ou inspiration et on tend presque vers un remake. D’autant plus que les ficelles des séries sont exactement les mêmes, à base de quiproquos et de secrets à protéger…
Puis arrive l’épisode 5, et là d’un coup la série semble s’éloigner de ce que l’on connaît. Le tournage du film commence, les relations amoureuses se dévoilent et d’un coup la série semble enfin sur les bons rail pour s’affirmer pleinement. Sauf que l’épisode suivant nous emmène à Okinawa, autre passage obligé de la franchise Please!, pour deux épisodes en dessous de tout, inutiles au possible et qui culminent dans une révélation invraisemblable dont on se serait bien passés. S’il y a bien un passage qui coûte très cher à la série c’est celui-là, en la foudroyant au moment où elle prend son envol et en lui imposant un passage à vide en plein milieu.
Une fois la parenthèse Okinawa passée la série reprend à l’épisode 8 sur la même lancée que le 5 et les choses avancent vite, les secrets tombent… un peu trop vite en fait, on sent que le temps gâché par les épisodes 6&7 ne sera pas rattrapable et que la fin en souffrira. Et c’est bien le cas, malgré un final très dynamique et bien mené, le dernier épisode semble bien trop court pour ce qu’il tente de raconter. Surtout quand on voit que sans surprise il reprend totalement les grandes lignes des deux derniers d’Onegai Teacher.


Fanart par Okan

Histoire d’en rajouter sur le sentiment de déjà vu, il ne faut pas oublier la présence du fantastique personnage de Yamano Remon. Non contente d’être une version encore plus extrême de la Morino Ichigo d’Onegai Twins allant jusqu’à utiliser elle aussi la réplique culte « quelque chose d’incroyable » (Mori no Ichigo, Yama no Lemon… Vous voyez où on veux nous mener, hein) et possédant le même rire diabolique « hufufu« , Remon est simplement le personnage de tous les excès. Elle en fait trop dans sa manière de tout manipuler sans donner l’impression de le faire, elle en fait trop dans sa façon d’être là toujours quand il faut, et plus simplement elle est est un plot device trop pratique pour le scénariste qui l’utilise pour générer des deus ex machinas plus gros les uns que les autres par douzaines. Au milieu des autres personnages, plutôt biens sentis, elle brille par ses excès et amuse, mais finalement fait aussi un peu tache.

Et on arrive là à la question centrale autour de la série. S’apprécie-t-elle mieux en connaissant déjà la franchise Please! ? Et donc en sachant à quoi correspond chaque référence, en y ressentant le vent de nostalgie qui la traverse, mais aussi en voyant clairement à quel point elle souffre d’un manque d’originalité. Ou bien vaut-il mieux la découvrir sans avoir vu Onegai Teacher, la prendre pour ce qu’elle est mais passer à côté de ce qui est l’essence-même de la série ? J’en ai strictement aucune idée, mais les deux réponses entraînent toutes deux le même constat : Ano Natsu de Matteru est au fond une série très bancale et ce à cause de sa filiation avec Teacher, filiation sans laquelle elle n’existerait simplement pas…

Et c’est très dommage car malgré tous ces défauts, la série a pour elle des personnages extrêmement attachants, autant que ceux de Teacher (et ce malgré les agissements de Remon), une réalisation bien plus soignée et souple que son modèle, Nagai étant clairement un réalisateur bien plus compétent d’Ide, et un aspect dramatique plus subtile et crédible. Pendant les 5 épisodes où la série est vraiment elle même, le 5 puis les 8 à 11, elle est vraiment très bonne ce qui rend d’autant plus frustrante qu’au final elle n’ait pas su l’être tout du long. Dommage, la série aurait pu être bien meilleure… non, elle aurait dû être bien meilleure.
Surtout que s’il y a bien une chose que la série réussit, c’est raviver ce vent des comédies romantiques à l’ancienne, naïves sans être niaises, avec ces dynamiques entre personnages avant que les téléphones portables et internet ne viennent changer à jamais la façon dont on doit aborder les relations. D’autant que le cadre de la série est relativement intemporelle,  on ne voit pas d’ordinateur et les TV sont toutes cathodiques, elle pourrait tout autant se dérouler à la fin des années 80 qu’il y a quelques années.

Au final je me dis que quitte à célébrer les 10 ans d’Onegai Teacher, j’aurais préféré une OVA de 30/40 minutes rassemblant  tous les personnages de la série une dernière fois pour nous montrer à quel point ils ont pu progresser depuis la dernière fois qu’on les a vus. Faute de grives, NatsuMachi a fait l’affaire, mais impossible d’oublier la frustration qu’elle a pu engendrer en même temps. Kuroda n’aura probablement plus l’occasion de recréer une telle série avant au moins 10 ans ; dommage d’avoir en partie gâché l’occasion.
Et là en me relisant, je me rends compte que je me trouve super confus dans mes explications, et plus j’essaye d’être clair, plus ce texte se complexifie.  Donc je vais tâcher de résumer tout ça en une phrase : Ano Natsu de Matteru n’aurait jamais pu exister sans Onegai Teacher, sa raison d’être n’est que d’être un hommage à, mais en même temps sans Onegai Teacher elle serait apparue comme bien plus réussie et originale. C’est là que se trouve son défaut fatal.

Donc si vous n’avez toujours pas vu Onegai Teacher, allez d’abord le voir avant de vous pencher sur Ano Natsu de Matteru, c’est probablement pour le mieux, si vous avez déjà vu NatsuMachi mais pas Onegai Teacher, ben pareil, vous verrez c’est fabuleux. Par contre si vous avez déjà cette dernière et qu’une bouffée de nostalgie vous tente, lancez-vous dans NatsuMachi, car malgré tous les défauts que j’ai pu énoncer la série mérite vraiment d’être vue.

La suite de ce billet est truffée de révélations, ne continuez que si vous avez déjà vu la série entièrement


Une parodie d’Ultraman sera toujours un bon moyen de m’attirer.
 
Avant de nous quitter, attardons nous quelques instants sur la fin de la série et son aspect méta si troublant…

Au final, et sans réelle surprise, le lieu du souvenir enfoui d’Ichika était bien les rives du lac Kizaki, là où se déroule Onegai Teacher, mais en plus la voix mystérieuse que l’on entend est celle d’Inoue Kikuko 17 ans, seiyû de Kazami Mizuho. Cette double révélation me trouble, car si il est évident que la voix n’est pas celle de Mizuho elle même pour des raisons bien évidentes : Mizuho n’a pas atterri en Urgence sur Terre, Kei ne l’a pas sauvée et ses souvenirs n’ont pas été effacés après son rapatriement, il est évident que métaphoriquement on parle bien de tout ça. Ce qui renforce l’idée que Ano Natsu de Matteru n’existe que pour et par l’anniversaire des Please!, ce qui est assez triste je trouve car ça l’inféode encore plus à ses prédécesseurs.
Pourtant je ne vois pas d’autres moyens d’interpréter cette fin, la série n’est donc là que pour que le spectateur se souvienne d’Onegai Teacher ? Et pour ceux qui n’ont pas vu Teacher justement, que leur reste il ?

D’ailleurs tant que j’en suis à aborder la fin, j’ai apprécié que la nouvelle du retour d’Ichika sur Terre nous arrive par une rediffusion du film, qui porte d’ailleurs le même nom que la série, clôturant ainsi la série mais aussi le film des héros, qui n’était qu’une mise en abime de son histoire, par la même occasion. Il y a dans cette façon de faire une subtilité et une élégance, que la fin d’Onegai Teacher n’avait pas dans son efficacité, qui compense en partie l’impression de manque de temps.

Ho et puis y a aussi l’apparition géniale des Men in Black dans ce dernier épisode. Non seulement ça été une chute incroyablement bien trouvée au running gag qui voulait qu’Ichika passe son temps à craindre qu’ils ne l’enlèvent, mais en plus ça relativise et justifie un peu les excès de Remon, en plus de leur donner le plus beau des final. Dommage qu’avec eux viennent une montagne d’incohérences qui plombent un peu plus la série, car si la Terre a son service de MIB, celà signifie que des contacts avec des extra-terrestres sont réguliers, contredisant totalement ce que la sœur d’Ichika a expliqué un épisode plus tôt.
Et puis si ces MIB sont bien ceux des films, ce que le générique essaye de nous faire croire, pourquoi n’ont ils pas passé tout le monde au neurolaser ? Celà aurait pu apporter encore plus d’émotions à la fin quand ensuite tous les héros ses seraient souvenus de ce qu’ils ont vécu en regardant le film incomplet que leur aurait discrètement laissé Remon avant de partir.

D’ailleurs, si Ano Natsu de Matteru suit le modèle Please! jusqu’au bout en proposant une OVA, j’espère que cette dernière sera centrée sur les activités de Remon en tant que (Wo)man in Black, car là ça donnerait sans nul doute quelque chose d’incroyable.

Ano Natsu de Matteru est © I*Chi*Ka/Natsumachi Production Committee