« Pourquoi Porco Rosso est-il un cochon ? » par Suzuki Toshio11 avril 201312 avril 2013Tetho

La sortie de Kurenai no Buta (Porco Rosso) en blu-ray au Japon vient d’être annoncée, ça sera le 17 juillet. C’est une nouvelle qui me comble de joie car non seulement c’est un de mes films d’animation préférés, mais en plus c’est à mes yeux le meilleur Miyazaki après l’intouchable Mononoke Hime. Je suis impatient de le revoir en HD. Pour accompagner cette annonce Suzuki Toshio, le producteur des films de Miyazaki, a écrit un court essai évoquant une anecdote sur la création du film. Je vous en propose la traduction.


L’accroche présente sur les affiches du film à sa sortie était « Voilà ce qu’est la classe« .
Je crois que l’on n’a jamais aussi bien résumé ce film.
 

Pourquoi Porco est il un cochon ?

Miyazaki Hayao aime prendre le train. Mais comme il est célèbre, quand son entourage s’inquiète de ce qui pourrait lui arriver voila ce qu’il dit :
« Il me suffit de garder un air renfrogné, et personne ne remarquera rien ! »
La réalité est tout autre, les autres passagers ne font que faire semblant de l’ignorer. Merci à eux. Mais cela, le principal intéressé ne le voit pas ainsi. Un jour, alors que nous prenions le train ensemble un passager est venu lui demander un autographe. J’ai discrètement refusé et cet homme a heureusement renoncé. Après que nous sommes descendus du train et alors que nous nous approchions de notre destination, Miya s’est énervé.
« Suzuki, c’est parce que vous étiez avec moi que l’on m’a reconnu ! »
Dans ces moments, même moi je feins l’ignorance et j’ignore Miya. Mais cette anecdote n’est pas qu’une simple histoire qui porte à rire, je suis persuadé que c’est là une partie de la nature profonde de Miyazaki Hayao.

Aussi quand il a commencé à dessiner le storyboard de Porco Rosso, j’ai été surpris.
Le héros a beau avoir l’apparence d’un cochon, dans les scènes où il arpente calmement les rues personne n’est surpris alors que bien évidement il est le seul à avoir cette apparence. Et alors que Miyazaki venait demander mon avis, je lui ai demandé, sans réfléchir, pourquoi Porco était un cochon.
« C’est un détail sans importance ! »
C’est parce qu’ils expliquent le pourquoi du comment en long, en large, et en travers, que les films japonais sont aussi ennuyeux, dit-il. Mais afin de satisfaire ma demande, Miya a ajouté la scène avec Gina.
« Et maintenant, vous comprenez, non ? »
Lorsqu’il réalise un film Miya est de ceux qui ne voient pas la situation dans son ensemble. Ou plutôt il ne doit surtout pas la voir, c’est comme ça qu’il fonctionne. Et c’est pourquoi par moment son comportement peut sembler étrange.
Voila une des anecdotes où j’ai été confronté à la réalité de Miyazaki Hayao en tant qu’auteur.

Mars 2013

Au-delà de l’anecdote sur la création du film et sur la relation entre les deux hommes, cette histoire a soulevé en moi l’idée que si Miyazaki a inclus de telles scènes où Porco se promène librement en ville, c’est aussi parce qu’inconsciemment il aimerait en faire autant. Se déplacer à visage découvert sans que les gens réagissent parce qu’il est Miyazaki Hayao. Sachant qu’il est communément reconnu que Porco est un avatar de Miyazaki, cela ne me semble pas trop exagéré comme interprétation.

Et tant que j’y suis, je tenais à vous communiquer mon excitation à l’idée de la sortie cet été au Japon de Kaze Tachinu, le prochain film de Miyazaki. Un film de Miyazaki avec des avions de la seconde guerre mondiale animés à la main en 2013 ? On tient probablement là l’évènement sakugaphile de l’année. J’en piaille d’impatience.

Merci à DarkSoul pour son aide à la traduction.

Kurenai no Buta est © Nibariki – GNN