Pourquoi je soutiens Yuasa Masaaki et finance son court-métrage Kick Heart17 octobre 201217 octobre 2012Tetho

Le premier octobre dernier Production I.G a lancé une campagne de crowdfunding via Kickstarter pour financer Kick Heart, un court-métrage de Yuasa Masaaki, le réalisateur de Mind Game, Kemonozume ou Yojôhan Shinwa Taikei, racontant l’histoire de catcheurs pas comme les autres.
Au moment de publication de ce billet, et à deux semaines de la fin de la campagne, il y a 1614 personnes qui ont permis de lever 108 605$. Malgré le ralentissement de la vitesse des dons, l’objectif de 150 000$ devrait être atteint avant la fin du mois et le film devrait donc être financé.


(l’image qui illustre la vidéo non-lancée est assez géniale)

Ceux qui me connaissent le savent déjà, je suis loin d’être passionné par Yuasa, son œuvre me laissant même dans l’ensemble assez indifférent (non je n’ai pas encore vu Kaiba (oui je sais il faudrait)), même si je considère que des hommes comme lui font beaucoup pour la diversité, et donc la stabilité, de l’animation japonaise. Mais sur ce coup je pense qu’il se joue plus qu’un simple court-métrage de 10 minutes qui, même si la campagne sur Kickstarter échoue, sera probablement quand même produit (et puis bon, elle a quand même l’air amusante cette histoire de catcheurs SM, hein).
Car en cas de succès Kickstarter, et avec les autres services de crowdfunding comparables, pourra se révéler un moyen de boucler le budget de projets d’animes moins vendeurs que le flot de séries qui échouent tous les trois mois à la télévision japonaise. Alors, si certes on ne financera pas la suite de Full Metal Panic!, le Shin Mazinger Shôgeki! Great-Hen ou bien le film de R.O.D ainsi, ça ouvre des possibilités pour des productions plus modestes comme celles produites par Comixwave ou Anime Innovation Tôkyô. Après tout, en son temps, Hoshi no Koe n’avait même pas couté 10 million de yens à produire. Vous voyez où je veux en venir : il y a ici moyen pour des équipes indépendantes de percer et se faire connaître en faisant appel à la communauté internationale des animefans.
Je vais même aller au bout de mon raisonnement : on tient peut-être ici un moyen de sauver Yume Miru Kikai, le film inachevé de Kon Satoshi, dont Maruyama Masao, son producteur, nous disait à la Japan Expo qu’il cherchait encore de l’argent pour le finir. D’autant plus que Kon est un nom autrement plus connu que Yuasa et ce bien au-delà des limites du public qui regarde habituellement des animes, que le film en est à un stade de production avancé (600 plans sur 1500 d’achevés) et que l’aspect « film posthume » peut énormément jouer. Mais je dis bien « peut-être », hein  au fond j’en sais fichtrement rien.

Voilà pourquoi je pense qu’il est important de soutenir cette initiative de Prod I.G : c’est peut-être un nouveau modèle qui va se créer là pour l’animation japonaise, un peu comme ce qui s’est passé avec le jeu vidéo (et avant qu’on fasse le vrai bilan de tout ça dans 2-3 ans, y aura de sacrées désillusions à ce moment je pense).

Ensuite, j’ai un peu l’impression qu’I.G s’est lancé là-dedans sans business plan clairement établi et qu’à la fin, ça risque de leur jouer des tours. En effet devant le succès des premiers jours ont été ajoutés deux objectifs complètement irréalistes et qui ne seront pas atteints (à 400k$ le court-métrage est étendu à 40mins et à 1 million de dollars, ils en font un long-métrage, c’est juste délirant) et de nouvelles récompenses ont été ajoutées. Sauf qu’au début tous les dons inférieurs à 60$ ne recevaient que des contreparties dématérialisées, maintenant dès 15$ un poster est promis. Au-delà du coût de production de tous ces objets, il y a aussi les frais de port à prendre en compte. J’ai bien peur qu’au final l’argent directement utilisable par l’équipe de production soit inférieur à ce qu’ils anticipaient. Ce ne seraient pas les premiers a faire cette erreur, ni les dernier, mais ça pourra jouer à l’heure du bilan de l’opération.

Bref voilà pourquoi je pense qu’il est important de soutenir cette opération, même si vous ne donnez pas grand chose c’est pas grave, le nombre de soutiens est aussi important que la somme récoltée finale. Montrez qu’il y a des gens qui y croient encore, que le moe et la sectarisation n’ont pas encore complètement ruiné ce qui fut à la fin du XXe siècle une des cultures les plus fascinantes du moment. Et ne le faites pas pour juste pour voir l’anime, ou avoir ses bonus, ils seront tous disponibles sur les sites de partages de contenus audios-visuels japonais dans la journée de leur mise à disposition des soutiens, mais faites le parce que vous pensez que c’est important pour la diversité des œuvres que nous propose cette culture que nous aimons tous.
Et si vous voulez des récompenses physiques, le T-shirt est à 45$, il est d’ores et déjà LE Tshirt d’otaku hipster façon « môa je soutiens l’animation japonaise alternative et auteurisante » lors des conventions de 2013, et le blu-ray du court, non zoné et avec son making-of et des sous-titres français, à 60$, le tout FDPin. Mais ne tardez pas, il ne reste plus que deux semaines (et pensez votre don en euros, vous donnerez ainsi 30% de plus en dollars).