Mahô Shôjo wo wasurenai : te souviens-tu des magical girls ?19 mars 201219 mars 2012Tetho

Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler d’un film en prises de vue réelle : Mahô Shôjo wo wasurenai. Comme son nom l’indique, il parle de magical girl et a donc toute sa place ici.
Commençons avec la bande-annonce que vous voyez de quoi nous allons parler :


Remarquez au tout début que l’héroïne lit Jojo, ça ne peut qu’être bon signe, hein.

Yûya est un élève de première qui a vu sa vie bouleversée quand il y a six mois sa mère décide d’accueillir dans la famille une fille s’appelant Mirai. Devenu grand frère par la force des chose, Yûya essaye fait son mieux pour chapeauter la jeune fille un peu perdue dans son nouvel environnement.
Mais Mirai a un secret, elle est une ancienne magical girl qui a perdu ses pouvoirs. Et le destin des magical girls qui n’en sont plus est de disparaître et d’être oubliées…

Avant d’être un film Mahô Shôjo wo Wasurenai est un light novel écrit par Shinana Yasuyuki et illustré par Koshijima Hagu (dont le site perso semble mort) sorti en juin 2009. Shinana a gagné en 2007 le Prix Super Dash du nouvel auteur, prix notable entre autre pour la présence dans son jury de Takahashi Ryôsuke, le créateur et réalisateur de VOTOMS, et de Horii Yûji, créateur et scénariste de Dragon Quest, pour son premier roman, Sweets!. Mahô Shôjo wo Wasurenai est son second roman, et chose assez inhabituelle pour un light novel ce dernier fut directement adapté en film en prise de vue réelle sans passer par les cases manga ou anime.
Je n’ai aucune idée du comment et du pourquoi de cette situation, coup de cœur du réalisateur ou d’un producteur ? Ou tout simplement parce que les aventures d’une magical girl sans pouvoirs ne demandent pas un budget effets spéciaux bien élevé ? Reste que deux ans après sa publication le roman refait surface en salles obscures et que c’est à cette version que nous allons nous intéresser.

Je ne sais plus trop comment j’ai appris l’existence de ce film, probablement par une recherche random avec les mots-clefs « 魔法少女 » sur youtube. Mais en me renseignant un peu dessus la première chose qui m’est venue à l’esprit c’est qu’on pouvait avoir là l’œuvre qui avait le plus de chose à dire sur le genre magical girl depuis Okusama ha Mahô Shôjo, rien que ça. Du coup j’ai pas mal attendu la sortie du film en DVD.
Et bien évidemment j’ai été déçu, le niveau de méta-réflexion sur le genre magical girl dans le film est quasi nul, c’est en fait une histoire douce-amère sur l’adolescence, l’éveil des sentiments et les inévitables séparations qui arrivent à la fin. Les magical girls ne sont qu’un plot device là-dedans et le film n’explique jamais leur nature réelle, leur origine ou leurs buts. Il n’y a que dans une scène très intéressante entre le héros et sa prof, où cette dernière explique à Yûya que Mirai est condamnée à disparaître et être oubliée, que l’on entrevoit un instant que la définition des magical girls retenue est une assez classique façon Mahô Tsukai Sally ou Mahô no Princess Minky Momo. Du coup déception, mais je n’avais qu’à m’en prendre à moi pour avoir mal placé mes attentes.

En réalité le vrai problème du film est celui qui touche une bonne partie des films nippons actuels, il est joué, tourné et monté comme un drama. Je sais qu’il y en a pour apprécier ça, surtout au Japon, mais à mes yeux les dramas sont le niveau zéro de la fiction à la télévision. C’est atrocement surjoué, tuant toute possibilité de sincérité des acteurs, c’est filmé sans la moindre recherche dans le cadrage ou la photographie et enfin c’est monté au sécateur. Ce film c’est pareil, et de ce fait il donne plus l’impression d’être un téléfilm qu’un long métrage cinéma tant il n’y a justement rien de cinématographique en lui. L’année dernière j’avais su éviter l’adaptation sur grand écran de Nana to Kaoru en voyant la bande-annonce avec un Kaoru qui fait une tête de plus que Nana, mais là je n’avais aucune référence pour me méfier. Je ne me doute pas que certains arriveront à faire fi de tout ça, mais pour moi c’est suffisant pour rejeter le film en bloc.
Je ne vais pas m’étendre sur les acteurs vu que je ne regarde très peu de dramas ou les films qui lui sont plus ou moins affiliés, mais en gros et pour ce qui me parle l’acteur qui joue Yûya, Takahashi Ryôki, ne semble pas avoir fait grand chose avant ; l’actrice qui interprète Mirai, Taniuchi Lisa, a eu un rôle mineur dans Gokaiger ainsi qu’un rôle secondaire dans l’adaptation de Switch Girl ; Naoki, le pote plein de bonne humeur de Yûya et amoureux de Mirai est interprété par Usui Masahiro, ancien force verte des Go-onger et le cousin de Sachiko dans le film de Maria-sama ga Miteru (autre film anéanti par le non-jeu des ses acteurs) ; et enfin Chika, la déléguée amoureuse de Yûya, est jouée par Morita Suzuka, force jaune dans Shinkenger. La seule actrice avec un rôle un tant soit peu conséquent à s’en sortir est Maeda Aki, qui interprétait l’héroïne de Battle Royale ou Kyôko dans Linda Linda Linda et joue ici une prof très sympathique, même un peu trop proche de ses élèves.
Enfin, le coup de grâce est donné dans la dernière partie du film, quand le groupe des quatre héros se rend compte que Mirai commence à être oubliée par tout le monde et qu’ils finirons par l’oublier eux aussi. Tout ça se finit par une ultime veillée alors qu’un à un l’oubli les touche. Et là je me rends compte que ce que je regarde c’est en réalité l’arc de Fûko de CLANNAD en version live… Même schéma, même pathos, même inintérêt au final. Et c’est clairement là que le film m’a perdu pour de bon ; faut pas pousser mémé dans les orties. La conclusion du film, médiocre au possible, achève la bête.

Alors je n’ai aucune idée concrète de fidélité, dans le fond comme dans la forme, du film au roman, mais quand je lis sur Wikipedia que dans le roman les magical girls sont considérées comme des soldats, qu’on y trouve un autre personnage qui est une magical girl, ou que je vois dans les illustrations montrées sur le site du roman des scènes qui ne sont pas dans le film, j’ai de sérieux doutes sur la fidélité de la chose. Il ne m’est pas non plus très difficile d’imaginer que le film a tenté de purger le plus possible les éléments typés anime du roman, même si en réalité il en reste partout à travers comme cette scène où Mirai descend les escaliers en criant « Je suis en retard ! » ou bien le personnage de Chika qui reste fondamentalement une déléguée couette-couette-lunettes-tsundere.

Au final, déception donc pour ce film. Trois ans après la publication du roman la possibilité d’une adaptation plus fidèle en anime semble assez faible. Dommage car c’est probablement là que l’œuvre aurait pu exploiter son sujet de manière intéressante. Quant à une traduction, officielle ou par des fans, ça me semble encore moins probable.
Dommage, Okusama ha Mahô Shôjo reste donc l’œuvre qui avait le plus de chose intéressantes à dire sur le genre Magical Girl de ces 10 dernières années. Mais je vous en parlerai une autre fois.

Mahô Shôjo wo wasurenai est © Shinana Yasuyuki – Shûeisha/Mahô Shôjo wo wasurenai Partners