Tant qu’on est à lire des livres sur Ghibli, n’oublions pas le Point de Départ…16 novembre 201117 novembre 2011Tetho

Vu que dernièrement tout le monde semble lire ou avoir lu le livre de Suzuki Toshio Shigoto Dôraku – Studio Ghibli no Gemba (Dans le Studio Ghibli – Travailler en s’amusant, disponible chez Kana), et même si ce n’est pas encore mon cas (j’ai le 2e volume de Yukikaze ainsi que l’excellent Kami et Mecha – Imaginaire Japonais à finir avant de l’attaquer), j’en profite pour rappeler à qui veut bien l’entendre l’existence d’une traduction du livre de Miyazaki Shuppatsuten 1979~1996 (Point de départ 1979~1996) chez Viz media sous le nom Starting Point 1979~1996.

Ce livre n’est pas vraiment une autobiographie comme on peut le croire, mais une compilation d’articles, interviews, conférences, notes de travail et autre écrits par Miyazaki durant ce qui fut les années les plus créatives de sa vie, couvrant de Cagliostro à Mononoke en passant par la réalisation du manga de Nausicaä (mais Miyazaki y parle aussi de ses œuvres antérieurs comme Conan ou bien l’adaptation avortée de Fifi Brindacier). Bien que regroupées plus ou moins chronologiquement et plus ou moins par thèmes, il y a clairement à boire et à manger dans ce pavé de plus de 450 pages et les articles importants, comme celui où à peine quelques mois après la mort de Tezuka il explique qu’à ses yeux ce dernier n’a jamais été un bon réalisateur de dessins-animés, côtoient des articles plus légers, comme celui où il exprime son amour pour sa 2cv. De la même façon certains documents republiés dans ce livres sont très connus, comme les notes d’intentions pour ses films, et d’autres semblent sortir tout droit du coffre comme ce commentaire sur le film L’homme qui plantait des arbres de Frédéric Back. On y trouve aussi des moments qui dévoilent Miyazaki en tant qu’humain, comme ce court article où il regrette que sa carrière ait forcé sa femme à arrêter la sienne pour élever leurs deux fils, ou bien ce moment presqu’otaku où Miyazaki reconnait avoir été amoureux de l’héroïne du film d’animation Hakujaden (Le serpent blanc, Toei 1958) pendant son adolescence.
Parce que ce n’est pas une autobiographie mais une compilation d’articles le livre est extrêmement décousu et sans vrai fil de narration. Et c’est cet aspect qui le rend si intéressant, on peut le lire d’une traite ou bien piocher ici et là des informations sur les aspect qui nous intéressent de Miyazaki et sa carrière. Chacun exploitera cet ensemble de texte comme il le souhaitera, il n’y a pas de mauvaise façon de le lire. Il se pose donc en complément idéal du livre de Suzuki, même si le Studio Ghibli n’est pas son point de focus principal.
À noter que le livre republie aussi dans ces pages centrales un court manga de Miyazaki sur les avions ainsi que quelques pages de son carnet de croquis. Si ces pages ne justifient pas à elles seules l’achat du livre, elles forment un sympathique bonus.

Malgré son prix éditeur de 30$, le livre se trouve aisément autour de 15€ sur le net ce qui en fait une lecture très abordable surtout au regard de la quantité d’informations qu’il procure. Même s’il est possible que Kana ou un autre éditeur le publie un jour en français et dans l’absence de certitudes à ce sujet, je ne saurais trop encourager les intéressés qui lisent un tant soit peu l’anglais de se diriger vers la version anglaise qui se lit très facilement.

Le livre est sorti en 1996 au Japon et fut suivi en 2008 par Orikaeshiten 1997~2008 (Tournant 1997~2008), compilation du même genre couvrant sa carrière jusqu’à Ponyo. Espérons que Viz choisira de la sortir dans un future proche afin de nous permettre de continuer à lire ce que Miyazaki a pu écrire ou dire depuis.