La popularité des trois Impacts de l’animation japonaise expliquée par Hikawa Ryûsuke11 mai 201215 mai 2012Tetho

L’émission de la NHK Mag.net a consacré son numéro d’avril au remake d’Uchû Senkan Yamato et s’est interrogée sur l’incroyable popularité de la franchise. Popularité qui ne s’est jamais démentie, à tel point que la série est qualifiée d’anime transgénérationnel (Chôsedai Anime en japonais, terme custom créé pour l’occasion puisqu’une recherche google sur « 超世代アニメ » ne rapporte presque que des résultats liés à ce numéro de Mag.net).


Commentaires postés sur la bande-annonce de Yamato 2199 sur niconico douga :
« Je n’ai que 18 ans, mais je n’ai jamais vu un anime aussi intense » « Je vais le regarder avec mon paternel ! »
« Je n’ai pas vu l’original, mais celui là je veux le voir ! »

L’émission présente ensuite les autres animes transgénérationnels : Kidô Senshi Gundam et Shin Seiki Evangelion. Ces animes sont aussi connus sous le nom d’Impacts de l’Animation Japonaise depuis qu’un (court) article dans Animage avait expliqué en quoi ces trois animes originaux avaient été non seulement les plus influents jamais créés, mais aussi des game changers aussi bien pour l’industrie que le fandom.
Il y a quelques années la notion d’impact de l’animation japonaise est arrivé au sein de la blogosphère et des groupes environnants à causes de personnes dont je tairai le nom par respect pour leur famille et avait fait bien des dégâts. Si je rédige ce compte-rendu c’est un peu en espérant donner quelques notions de ce que représentent ces impacts et en espérant qu’on puisse dire « Plus jamais ÇA ! « 

C’est le critique d’animes Hikawa Ryûsuke (son twitter) qui présente ce segment consacré à la popularité des animes transgénérationnels. Bien que la traduction de critiques académiques d’animes soit extrêmement rare, Hikawa n’est pas tout à fait un inconnu en occident car il est celui qui rédige les livrets des collectors de Bandai Visual. Et une partie de ces livrets ont été traduits en anglais à l’époque où Bandai Visual avait une filiale nord-américaine. Ainsi les livrets des éditions nord-américaines de Honneamise, des films de Patlabor, de Top wo Nerae! ou d’Akira ont été écrits par Hikawa. En France seul le livret d’Akira nous est arrivé par la récente réédition chez Dybex.
Ces livrets sont tous incroyablement riches et intéressants, je ne peux que vous encourager à vous procurer les DVD/BD qui les accompagnent d’autant plus que certains sont bradés ces derniers temps.

1) Le héros est un adolescent

Selon Hikawa, la première raison au succès de ces trois animes tient dans le fait que les héros sont à chaque fois des adolescents. On les voit ainsi grandir et mûrir, aussi bien physiquement que mentalement, et combiné à une histoire imprévisible cela crée un lien avec le public, et donc un intérêt.


Susumu : 18 ans, Amuro : 15 ans, Shinji : 14 ans.

 2) Ce sont des œuvres basées sur des classiques

L’odyssée du Yamato à travers l’espace pour aller chercher sur Iskandar l’appareil qui sauvera la Terre est une réinterprétation du voyage en occident de Xuánzàng (Sanzô) et ses compagnons pour aller chercher les sûtras en Inde dans le Xīyoújì (Saiyûki).
Les errances de l’équipage du White Base, composé uniquement de jeunes sans adulte pour les superviser, et la façon dont ils doivent coopérer pour survivre est basé sur Deux ans de vacances de Jules Verne où une bande de jeunes sans adulte fait naufrage sur une île déserte et doivent unir leurs forces pour survivre.
Enfin le combat de Shinji dans son Evangelion contre des formes de vies inconnues qui menacent de détruire toute vie sur Terre est inspiré du combat de Hayata qui se transforme en Ultraman pour lutter contre de mystérieux monstres qui menacent la Terre.
En se basant et réinterprétant des histoires du passé pour en construire de nouvelles, ces œuvres sont dès leurs origines transgénérationnelles.


« Le récit du voyage vers Iscandar/l’Inde pour récupérer l’appareil qui restaurera l’environnement terrestre/les sûtras. »
« Des jeunes seuls sans adultes à bord d’un navire militaire/sur une ile déserte doivent coopérer pour survivre. »
« Quand les créatures gigantesques/les monstres apparaissent, il pilote l’Evangelion/se transforme en Ultraman pour les combattre. »

3) Ce sont des œuvres incomplètes

Yamato est une série pensée sur 39 épisodes puis coupée à 26 ; Gundam est une série planifiée sur 52 épisodes qui s’est vue déprogrammée et se termine de manière anticipée à l’épisode 43 ; enfin les épisodes 25 et 26 d’Evangelion ont été refusés par les producteurs, forçant la création des épisodes chocs que nous connaissons.
Cet aspect incomplet pousse les fans à s’impliquer, à discuter de la série et son contexte, à l’étudier et à la sur-interpréter. De cet enthousiasme est né un gain d’intérêt qui va entraîner la production de suites et/ou de remakes qui peuvent utiliser les idées qui ont dû être mises de côté lorsque ces séries ont été abrégées de force.

Et c’est tout. Le reportage, long d’à peine 4 minutes, se coupe assez brusquement à ce moment après que Hikawa a lâché une brève conclusion où il explique que ces séries continueront de rester populaires à travers les générations.


~C’était vraiment très intéressant~

Dommage que ce segment de l’émission soit si bref, c’est probablement le moment le plus intéressant de ce numéro de Mag.net qui ensuite s’attarde sur la production de Yamato 2199.
Des trois arguments énoncés, le troisième est clairement le plus pertinent. Il est clairement une des clefs de l’impact de ces titres auprès du public par la manière dont il crée un besoin d’en savoir plus de la part des fans. Et plus que leur influence sur le reste de l’industrie, c’est leur impact sur le fandom qui a fait de ces animes ce qu’ils sont.
Le coup du héros adolescent apparaît comme l’évidence même et celui des œuvres classiques est un peu léger. Si la comparaison Yamato/Xīyoújì peut se défendre, Gundam n’a pas grand chose à voir avec Deux ans de vacances. Si le concept de base proposé pour MS Gundam était bien de mélanger le roman de Verne à Starship Troopers de Robert A. Heinlein, l’histoire a été modifiée au cours de la pré-production pour ne plus avoir que de vagues liens avec. S’il faut chercher une adaptation méchaphile de ce livre, c’est plus vers Ginga Hyôryû Vifam qu’il faut se pencher. Enfin si la comparaison entre Evangelion et Ultraman est légitime, on peut se demander comment la comparaison avec une série TV qui avait même pas 30 ans à l’époque peut se tenir à coté de deux comparaisons avec des classiques de la littérature. Si Yamato et Gundam avaient été comparés à respectivement Star Trek et Starship Troopers, pourquoi pas, mais là…

Voila, j’espère vous avoir donné quelques clefs sur ce que sont ces animes transgénérationnels à travers ce court compte-rendu. Pour les intéressés, l’émission est disponible sur les sites habituels de partage de contenu audio-visuel japonais. Merci de ne pas demander de lien dans les commentaires, si vous ne la trouvez pas c’est qu’elle ne s’adresse probablement pas à vous.