Il y a deux mois est apparu sur Youtube cette petite merveille, best-of des meilleurs moments de ballets aériens d’Eureka seveN et parfait exemple de la technique de mise en scène en animation que l’on appelle Itano Circus. Ce morceau de pornographie méchaphile sous sa forme la plus pure va être l’occasion de s’intéresser à la chose de plus près.
Je pense qu’une bonne partie d’entre vous ne réalisent pas qu’ils sont nés pour admirer ceci.
Je vais vous épargner le paragraphe sur Itano Ichirô lui même et vous renvoyer aux conférences de ceux qui en parlent mieux que moi ou aux chapitres de Gundam Sôsei que vous n’avez pas lus. Mais il convient de rappeler que dès ses débuts en tant qu’animateur-clef sur Kidô Senshi Gundam, Itano s’est attaché à retranscrire par l’animation (et donc le mouvement), la tension des combats par un certain sens du réalisme dans les détails, des cadrages complexes et de nombreux objets en mouvement à l’écran en même temps. Après des premiers essais sur Gundam, il pu perfectionner sa technique sur Ideon et elle atteignit sa forme finale sur Chôjiku Yôsai Macross où apparurent pour la première fois les Itano Circus tels que nous les connaissons. Macross sur laquelle il rencontrera Anno Hideaki qui sera fortement influencé par le style Itano durant sa courte carrière d’animateur et qui sera celui qui portera ce style à son paroxysme quand il animera la bataille à la fin d’Ôritsu Uchûgun -Honneamise no Tsubasa-.
L’Itano Circus en tant que technique de mise en scène est très intéressante dans la manière qu’elle a d’impliquer le spectateur. Un Itano Circus se présente le plus souvent sous forme d’une longue course poursuite entre un mobile et une série de projectiles laissant des trainées, le premier cherchant à échapper aux seconds. Selon le point de vue le spectateur va espérer que la cible échappe à ceux qui le poursuivent, s’il est un des héros, ou bien qu’il se fasse rattraper, s’il est une des cible des héros. Toute la tension nait alors du fait de voir la cible tantôt se faire rattraper, tantôt échapper, et ça peut durer un moment comme ça. Et c’est pour ça qu’on aime ça.
Autre avantage : on peut faire des Itano Circus avec des armes bien sûr (le plus souvent des missiles par boites de 12), mais n’importe quoi laissant des trainées longilignes peut suffire et avec les années on a vu notamment des feux d’artifices, des racines d’arbres, des cordes, des tentacules (ha les années 80’…) et même des mèches de cheveux ! La seule limite est l’imagination des animateurs et depuis le début des années 80 l’Itano Circus a été omniprésent dans les séries de robot, preuve de son efficacité et sa popularité.
Paradoxalement les Itano Circus contredisent un peu la volonté de réalisme qui animait Itano, en effet les trajectoires ne sont absolument pas réalistes et essayer de rendre dans l’espace le mouvement de la cible et ses poursuivant donne bien souvent quelque chose d’assez étrange. L’Itano Circus ne fonctionne en effet que parce que c’est une représentation à l’écran de l’action et que tout va trop vite tout en envoyant trop d’informations au spectateur pour qu’il puisse réaliser que quelque chose ne va pas.
J’aurais aimé vous parler de l’aspect technique de la chose, mais je dois avouer tout ignorer car je n’ai jamais rien lu à ce sujet. J’imagine que ce genre de scène demande un minimum de préparation avant d’être dessinée, ainsi que de bien bien faire attention à suivre tous les objets que l’on met en scène, même hors écran, mais au delà de ça… Donc si vous en savez plus, n’hésitez pas à le partager avec moi dans les commentaires, sinon on se contentera d’admirer benoîtement le spectacle.
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Pas vraiment un making-of, mais une vidéo sympa sur une scène d’Itano Circus du 2eme film de Macross F se trouve ici.
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L’Itano Circus est donc un bon exemple de comment l’animation peut servir le récit et sa narration en créant des enjeux et de la tension. Elle a fait ses preuves et le passage à la 3D, même s’il a atténué son impact (les Itano Circus de Macross F sont infiniment moins réussis que ceux de Macross Plus) ne l’a pas rendu surannée. Nul doute que les robots continueront à tirer des missiles en salves de folie pendant encore des années.
Je vous laisse sur cette deuxième compilations de mise à feu de missiles non-stop. Bien que plus longue et plus complète que celle qui m’a poussé à écrire ce billet, elle est aussi moins bien rythmée, mais ça reste pas loin de 20 minutes des plus jouissives.
run away, run away, run away, run away, run away, run away, run away, run away, run away…
Ce qui est frappant, c’est que finalement ce cirque mette en valeur la défense au détriment de l’attaque, et le pilotage au détriment de la puissance de feu. c’est David contre Goliath, le zéro contre le croiseur, etc. Les B-29 et leurs tapis de bombes n’ont pas fini de hanter l’imaginaire japonais…
Article pour le moins instructif, qui m’a appris une nouvelle fois un terme technique que je ne connaissais pas, et qui en plus m’a permis d’éjaculer sur mon écran avec la première vidéo. Maintenant j’ai plus d’excuse, il faut absolument que je regarde Eurekawa Seven !
run away! run away! run away!
Ben merde, la première fois que j’ai vu l’itano Circus c’est dans Cowboy bebop, peut-être le 3ème épisode où je trouvais la scène bien fendarde, alors qu’elle est assez sage par rapport aux standards d’aujourd’hui, sauf qu’entre temps je trouve ces passages redondants et sans intérêt dans les combats, du remplissage qui a cessé d’être jouissif et qu’on croirait généré par ordinateur en deux temps trois mouvements.
Le manga est génial. J’en ai eu des frissons de plaisir à le lire. Y’avait que Hideki pour être capable de transcender un tel défi.
Bon après, je n’ai aucune idée de la part de vérité qu’il contient. M’en fous, j’ai kiffé. :D
« J’imagine que ce genre de scène demande un minimum de préparation avant d’être dessinée, ainsi que de bien bien faire attention à suivre tous les objets que l’on met en scène, même hors écran, mais au delà de ça… »
J’avoue ne pas savoir non plus, et le coté bien suivi je me demande parfois s’ils ne font pas ça un peu au pifomètre. Regarde le combat d’Asuka contre son ange dans le 2.0, t’as vraiment l’impression que les tentacules apparaissent pour le style plus qu’autre chose.
Après c’est peut être moi qui délire mais…
Mackie > pas forcément, ça peut aussi mettre l’accent sur une attaque démesurée. Regarde le film de Macross pour ça, y a des moment les missiles surchargent l’écran et les ennemis sont décimés par les vagues successives. Tout dépend du point de vue et donc de la mise en scène en fait.
Le Gritch > Ouais mais non justement, l’Itano Circus c’est de l’artisanat fait avec amour, pas de l’industriel justement.
Corti > les deux chapitres sur Itano sont géniaux, le passage au début avec les intervalles sur la clef c’est lumineux pour expliquer la différence entre une animation basique et une plus travaillée.
Un manga Nekketsu sur un studio d’animation avec les mecs qui mettent leurs vie en danger pour finir les épisodes dans les temps tout en faisant un taf de folie serait le pied. Une sorte de La Plume de Feu de l’animation quoi.
Aer > Ouais, cette scène c’est l’exemple parfait de l’Itano Circus qui ne ressemble à rien avec des projectiles qui apparaissent de tous les cotés en même temps sans qu’on puisse suivre d’où ils viennent (la chute de l’Eva donnant un point de repère pour le haut et le bas). J’en suis pas super fan justement, tout comme son équivalent tout aussi étrange dans The End of Evangelion. Aussi bien animés soient-elles, y a quelque chose dans le mouvement qui fait que ces plans sonnent faux.
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