Gainax Mag #0114 mai 20104 juin 2010Tetho

Fin décembre 1984 était fondée la Gainax, un des studios d’animation les plus importants historiquement parlant de l’animation japonaise. En Décembre 2009 on fêtait donc les 25 ans du studio. À cette occasion nos confrères de Gainax.fr ont eu la bonne idée de publier un fanzine dédié à cette société que nous aimons tous tant.

Autant le dire tout de suite, c’est une initiative que je soutiens totalement. À une époque où le fanzine avec du contenu rédactionnel a quasiment disparu, le net offrant une plateforme de publication bien plus avantageuse, c’est toujours un plaisir de voir quelques irréductibles Gaulois (ou Belges) continuer cette tradition d’un autre siècle. Il y a un peu plus d’un an j’avais célébré les 30 ans de la saga Gundam par un podcast fleuve où nous avions péché par excès de passion, je vois dans le fanzine de Gainax.fr la même démarche : réaliser quelque chose pour marquer un anniversaire qui nous tient à cœur.

Matériellement parlant le Gainax Mag est impeccable. Tout en couleur, papier glacé, couverture semi-rigide, dos carré… L’intérieur n’est pas en reste, richement illustré et avec une police agréable à lire c’est aussi une réussite. Tout juste reprochera-t-on une mise en page un peu dense qui aurait gagné à être un poil plus aérée. La Brigade SOS et son SOS Mag passent pour des kékés à coté, et avec eux, une bonne partie du fanzinat francophone.
Moins glorieux, par contre, le fanzine est truffé de fautes et de coquilles. Dès la 1ere page de rédactionnel (p2) on n’en compte pas moins de 6, ce qui est juste inadmissible. La suite est moins pire, mais dans l’ensemble, il y en a beaucoup trop, ce qui prouve que les textes n’ont pas été relus (ou pire, que la personne qui s’en est chargée n’est pas qualifiée pour ce poste). Plus anecdotique, on notera aussi une certaine indécision dans la transcription des « O » longs, entre « ou » et « ô », qui fait un peu tache sur le long en montrant que l’équipe rédactrice n’a pas cherché à harmoniser ce genre de détails.

La première partie du livret est consacrée au studio. On commence par 7 pages d’historique du studio, de Daicon Film aux futurs Parallel Works 2 de Gurren Lagann. C’est globalement complet, même si une poignée d’erreurs factuelles et d’omissions s’y sont glissées, et a de quoi remettre à niveau ceux qui ont un peu oublié de réviser l’histoire de la Gainax. Suit une page avec une filmographie complète malgré quelques titres faux (comme Rebuild of Evangelion 1.0).
Vient ensuite le portrait de 12 membres majeurs de la Gainax : Okada, Yamaga, Akai, Anno, Takeda, Sadamoto, Imaishi, Hiramatsu, Masayuki, Tsurumaki, Higuchi et Maeda. Pas mal de redite dans les bios des membres fondateurs (qui ont eu à peu près le même parcours), mais globalement ça permet de situer chacune de ces personnes et leur rôle dans l’aventure de la Gainax.

La seconde partie est consacrée aux œuvres produites par la Gainax. Chaque anime a le droit à une demi-page avec un résumé puis une courte présentation, et c’est là que le bât blesse. On pleurera des larmes de sang en voyant Top wo Nerae! être réduit à une série qui « met en lumière les difficultés que peuvent poser les voyages spatiaux à la vitesse de la lumière. » (sic), ou bien on s’interrogera sur le sens de l’expression « monument de référence » dont est qualifié Evangelion. Suivent sept pages, dont deux pages, chacune présentant trois mangas tirés de séries produites par le studio, une page sur les mangas à l’origine de certaines série du studio, une page sur les court-métrages et moyen-métrages de Daicon Films, une autre sur les réalisations live d’Anno puis enfin deux pages sur les autres créations du studio (projets avortés, jeux vidéo…).
Si le but ici était de tenter de donner un aperçu de la production du studio, c’est assez raté, les courtes descriptions ne rendent pas honneur aux séries et surtout ne sont pas critiques pour un sou. Pas un mot pour dire que Kono Minikuku mo Utsukushii Sekai c’est médiocrissime ou bien que Kore ga Watashi no Goshujin-sama de la part du studio qui a réalisé Honneamise et Evangelion ça s’apparente à de la prostitution.

Vient ensuite le passage le plus intéressant du fanzine : une interview de 10 pages avec Akai Takami, Yamaga Hiroyuki et Satô Hiroki. Aussi longue soit-elle, elle n’apprendra pas grand chose aux fans du studio, mais contient quelques anecdotes croustillantes. On reprochera tout de même aux intervieweurs de trop se concentrer sur des points très précis de la production des différentes séries, et de poser des questions dont les réponses sont parfois ouvertement connues, au lieu de lever des questions fondamentales. Comme par exemple de poser : « Qu’est ce qui fait l’identité du studio à vos yeux ? » à deux de ses membres fondateurs.
Ce n’est pas un raté, mais il y avait clairement mieux à demander qu’une énième confirmation du fait que la Gainax n’a aucun droit sur la franchise Nadia

On termine par une page de lexique qui nous apprend qu’une saison est la « suite d’une série dont le titre est légèrement modifié » (sic).
Enfin vient avec le fanzine une série de 4 cartes « à collectionner » : une sur Evangelion 2.0, une sur Les Ailes d’Honnéamise et deux (identiques, c’est pour faire des échanges ?) avec des persos de Nadia, FLCL et Abenobashi en SD.

Bilan final : c’est beau mais creux. À l’image de Gainax.fr ce fanzine est trop froid et factuel, servi par une présentation des plus soignée qui tente presque de faire croire à un produit officiel (et ce malgré l’inscription Unofficial Product au dos). Il ne respire pas la passion, loin de là. Personnellement la Gainax est un studio que je perçois comme très bordélique, comme leur légendaire amateurisme le veut, et qui fait remonter en moi plein d’idées variées dans un chaos monstrueux. Ici rien de cela, c’est carré, posé : il n’y a pas la place pour la moindre prise de position et tout tend au consensus. Un peu comme si cette publication en était une de la Gainax elle-même, pour soigner son image. De la part de fans cela a de quoi décevoir.
L’animefan qui n’est pas un gainax-dork y trouvera quand même de quoi combler les manques de sa culture sur ce studio majeur de l’histoire de l’animation japonaise, comme nous l’a démontré Corti. C’est toujours ça…
Ça reste un bel objet qui montre clairement que l’équipe qui l’a réalisé voulait rendre un hommage sincère à la Gainax pour ses 25 ans. Et c’est peut-être sur cet aspect collector que le Gainax Mag s’en sort le mieux. Un n°2 est annoncé, il reste à espérer qu’il proposera du contenu plus conséquent que ce premier numéro. Si c’est le cas, ça pourrait être digne d’intérêt.

Pour ceux qui sont quand même intéressés, il va falloir se dépêcher vu qu’il reste peu d’exemplaires.

Les séries sont © Gainax
Le contenu du fanzine appartient à ses auteurs respectifs.